REFLEXION SUR LA SELECTION

Le problème des chiens tricolores occupe les colonnes de nos revues depuis bien longtemps.

Deux laboratoires Américains (www.vetgen.com et www.healthgene.com) avaient réussi à mettre au point un test ADN permettant de distinguer les chiens marqués de fauve en repérant les allèles d'un gène, le gène K.

Ce test ne met pas en évidence le gène quatr'oeillé lui-même mais un gène qui empêche son expression. Il existe sur ce point une grande confusion dans les esprits ce qui semble perturber la compréhension des différentes explications.

De nombreux griffonniers s'interrogent, et on entend aujourd'hui un seul son de cloches : il faut sélectionner les chiens KB/KB, c'est-à-dire homozygotes dominants.

Que faut-il en penser ? Je vais essayer d'apporter quelques axes de réflexion sur cette nouvelle facette du problème des tricolores, ces suggestions n'engageant en aucune façon notre Club, qui devra bientôt statuer sur la stratégie à adopter.

• Tout d'abord, d'après les études américaines publiées, le gène K, testé dans l'analyse ADN, est un gène qui masque ou permet l'expression de l'allèle quatr'oeillé :

            - il le masque à l'état homozygote dominant KB/KB et à l'état hétérozygote KB/ky

            - il permet son expression s'il est à l'état homozygote récessif ky/ky, mais sans que cette expression ne soit obligatoire.

Donc un KB/KB peut héberger le gène quatr'oeillé, même s'il n'est pas exprimé, et un ky/ky peut être tout à fait bien pigmenté.

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• Ensuite, et j'ai annoncé la couleur depuis bien longtemps, je suis persuadé, de façon complètement empirique, qu'au moins 50% de la population de nos griffons est porteuse de l'allèle quatr'oeillé.

• Les chiens tricolores existent et sont décrits depuis des décennies, d'ailleurs leur présence dans la race a toujours été acceptée puisque leur confirmation est prévue dans le standard.

Quand je considère ces éléments, je ne peux m'empêcher de penser qu'une sélection massive sur ce seul caractère phénotypique est hasardeuse et nous conduirait à éliminer des chiens, des lignées, et à ne garder qu'une trop petite part de notre cheptel. Par contre, je ne suis absolument pas opposé au fait que certains sélectionnent sur ce caractère en utilisant le test génétique.

Avant de juger un chien ou une lignée, il faut intégrer de nombreux critères et dans l'élevage, chacun a ses priorités : certains vont privilégier la passion, d'autres l'aptitude au rapport, d'autres le poil ou le type, certains aiment les chiens lourds, d'autres plus légers...

C'est la diversité génétique qui fait la richesse d'une race, appauvrir cette diversité affaiblirait à coup sûr la nôtre.

J'espère que ces éléments pourront être une base de réflexion pour tous les griffonniers. »

P Debret Docteur Vétérinaire

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